photo Dan Ramaen
Disons-le
tout de suite, un concert avec François Jeanneau ce n’est pas
rien. Certains se souviendront sans doute l’avoir entendu dans les
Arènes de Nîmes à l’époque du festival. Saxophoniste soprano de
référence du jazz en France depuis des années, sa longue carrière
le place aux côtés d’autres célébrités comme Daniel
Humair, Henri Texier, Michel Portal,
Jacques
Di Donato, Jean-Louis Chautemps…Impossible
de citer tous les musiciens avec lesquels il a collaboré. Toute une
génération qui frayait dans les années 70 le chemin de voies
musicales nouvelles poussée par la révolution qui s’opérait dans
le jazz américain. Il est l’un des premiers à jouer cette musique
nouvelle en France en participant à Enfin !
de
Jeff
Gilson
(1962/1963) et à Free
jazz
de François
Tusques
(1965). Peut-être « visionnaire », il enregistre ensuite
en tant que leader son premier album, Une
bien curieuse planète
avec Michel
Graillier, Jean-François Jenny Clark et Aldo Romano
en 1975. Fort de son expérience et de son talent, c’est à lui
qu’est confiée la première édition de l’ONJ
(Orchestre National de Jazz) en 1986 dans lequel on trouve par
exemple les alors bien jeunes : Eric
Barret, Marc
Ducret,
François Chassagnite, Andy Emler, Michel Benita…Ses
activités se multiplient : il devient le premier chef du
département Jazz
et Musiques improvisées
au CNSM, poste qu’il occupe jusqu’en 2000 d’où émergera une
nouvelle génération de jeunes musiciens de talent. Il participe
aussi à l’élaboration d’un nouveau langage musical : le
Soundpainting
après sa rencontre avec Walter Thompson en 1999. Il est bien sûr
présent aux 30 ans de l’ONJ le 2 septembre 2016 lors d’un grand
concert réunissant tous ses directeurs depuis sa création à la
Cité de la Musique. Quant à la discographie qui commence avec
Triangle
en 1970 elle est immense.
Nous
avons déjà reçu François Jeanneau à deux reprises avec des
formations différentes. Pour cette séance, il est entouré par le
batteur Joël
Allouche
dont nous connaissons bien le jeu subtil et efficace et le jeune
pianiste Rémi
Ploton
que nous avions découvert avec bonheur grâce au quintet de Joël
Allouche pour le magnifique Hommage
à Tony Williams.
Ce sont donc des musiciens de trois générations différentes qui
vont se retrouver pour une musique comme toujours de haut niveau.
Ravi de ses deux passages précédents avec Le Jazz Est Là, François
Jeanneau à 83 ans n’hésite pas à faire un aller-retour pour nous
honorer de sa venue. Une occasion unique donc de l’entendre dans le
sud que nous souhaitons bien sûr partager avec le plus grand nombre.
Patrice
Goujon pour Le Jazz Est Là 18 mars 2019